
date. 2023
extrait : série de 15 plus une photographies




« Latente, se dit de l'image invisible portée par une surface sensible exposée à la lumière, qui nécessite un traitement pour devenir apparente. »
Définition Larousse












Le titre de la série, "Latente", résonne profondément avec la nature même de la photographie. En photographie, une « image latente » désigne cette image invisible qui se forme sur le support photosensible avant d’être révélée par le développement.
Cette métaphore s’applique ici, à cette série qui explore des lieux et des liens empreints de mémoire et d’héritage.
Dans ce contexte, "Latente" évoque la mémoire enfouie, les traces subtiles des relations humaines et des bagages culturelles. Ce titre souligne la dimension intime de la série, où chaque image agit comme un révélateur d’émotions et de souvenirs latents, donnant corps à ce qui est à la fois présent et absent, visible et invisible.
Cette série photographique naît d’un deuil personnel, celui de la disparition de Stavroula, la grand-mère de l’artiste. À travers des "portraits d’intérieurs", parfois d’extérieurs, l’auteure interroge la transmission, la mémoire et la force des liens tissés. Chaque image devient le témoin silencieux d’un espace vécu, d’une atmosphère, d’une odeur, d’un échange – autant de fragments qui composent l’héritage culturel et affectif avec, comme protagoniste Stavroula.
Le choix de photographier les lieux de rencontre, qu’ils soient intimes ou partagés, permet de révéler la richesse des relations humaines et la subtilité des souvenirs. La lumière naturelle joue un rôle essentiel dans la restitution de ces ambiances : douce et enveloppante pour souligner la chaleur humaine. Les cadrages, souvent serrés, invitent le spectateur à entrer dans l’intimité des scènes, à ressentir la proximité des regards et la sincérité des émotions.
Chaque photographie devient ainsi un acte de mémoire et de création de lien. L’appareil photo se fait médiateur entre le passé et le présent, entre l’artiste et celles qui ont partagé la vie de Stavroula.
À travers cette démarche, l’auteure pose un regard personnel sur l’héritage : il ne s’agit pas seulement de conserver, mais aussi de réinventer, de questionner et de transmettre autrement ce qui nous relie aux autres.
Cette série, à la fois documentaire et poétique, offre une méditation sur la perte, la résilience et la force des souvenirs. Elle invite chacun à s’interroger sur sa propre histoire, sur les lieux et les personnes qui forgent notre identité, et sur la manière dont la photographie peut devenir un langage universel du lien et de la mémoire.
Portrait de Stavroula : Nicolas Traïna ©